
PIANO
Présentation de l'éditeur
"Emporté à toute allure par ses Carnets, Joann Sfar dit que c'est " la chose qu'il préfère faire en ce moment ", et L'Association essaie tant bien que mal de suivre le rythme. Après Harmonica, Ukulélé et Parapluie, voici donc le quatrième volume, mélangeant textes manuscrits, croquis, photos, séquences de bande dessinée et même contribution d'auteurs amis, les Carnets de Joann Sfar forment désormais une sorte de bibliothèque-feuilleton unique en son genre et d'une liberté totale."
Bon, ça y est, je commence à suivre... (smiley zyeux en l'air... soupire deviné) Faudrait vraiment que j'apprenne à me renseigner avant de me lancer dans des lectures en croyant les varier... Parce qu'en fait Piano fait partie des Carnets... C'est pas écrit sur la couverture aussi... alors que pour Greffier c'était écrit clairement... et quand j'avais regardé les couvertures de Missionnaire et de Maharajah, c'était écrit aussi...
Mais maintenant, grâce à Wiki, tout est plus clair dans ma 'tite tête..
Parce qu'en fait, il y a deux éditeurs des Carnets (lumière!), dont un qui le précise sur sa couverture, et l'autre pas, et il y a neuf Carnets en tout!
Les détails ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Carnets_de_Joann_Sfar
Donc en fait, Piano ne m'a pas trop changé de Greffier (supeeeer...) dans le sens où l'auteur expose ses états d'âme, ses coups de gueule, ses réflexions, ses souvenirs, ses délires, un peu tout ce qui lui passe par la tête (encore que Greffier, il y a un fil conducteur et un contexte très précis, et que ça s'assimilerait plus à un rapport de l'auteur sur un procès dont il a été témoin) et purée!! qu'est-ce que c'est toujours aussi brouillon (!!!) - bon, non, un peu moins en fait - ou alors je commence à m'y faire...
Non, Greffier est particulièrement brouillon parce qu'il le dessinait "en live", donc ça ressemble un peu à nos prises de notes quand on est pressé (il y a un petit côté appréciable quand j'y pense parce que du coup ça donne l'impression d'un auteur qui ne s'embarasse pas de chichis, qui ne se plie à aucune norme si ce n'est la sienne, le message qu'il veut faire passer passe avant tout (d'ailleurs parfois dans Piano, il ne s'embête même pas à accompagner son texte de dessins), il y a beaucoup de spontanéité chez lui, il fait comme il a envie de faire, et si on l'accepte tel qu'il est et tel qu'il pense, tant mieux, sinon tant pis, et je trouve ça assez amusant en fin de compte - surtout qu'il ait réussi à s'imposer comme ça).
Enfin, la force de ses Carnets (je ne sais pas pour ses autres BDs), ce sont vraiment ses propos, ses réflexions, son humour, parce que les dessins et la forme, j'ai vraiment du mal à m'enthousiasmer devant. Il semble d'ailleurs être conscient du fait que son sens de l'esthétisme ne fasse pas l'unanimité en pratiquant souvent l'autodérision, parfois il avoue même ne pas réussir à dessiner, en même temps, on sent qu'il sait très clairement ce qu'il fait.
J'ai bien aimé d'ailleurs un long passage où il expliquait sa façon de dessiner (qui s'inspire de quelques-uns de ses dessinateurs préférés), c'était à la fois amusant, instructif et plutôt passionnant: "un trait, on le fait d'un coup, comme ça vient", ce qui justifie le fait qu'on n'est pas dans la perfection mais peut-être plus dans l'émotion, et c'est ce qu'on ressent en lisant ses BD, il se livre en fait à nous brut de pomme, ainsi que tous ses personnages, ses réflexions, c'est à prendre ou à laisser. Egalement, "on commence par ce qu'on a envie de raconter - si le personnage se met le doigt dans le nez - on commence par le trou de nez - et le reste doit suivre comme ça peu". C'est une méthode que j'aime bien en fin de compte et qui explique la bizarrerie (pour ne pas dire l'inesthétisme...) de ses dessins. Aussi, "Pourquoi tu gommes? Dessine sans te compliquer la vie et sans avoir peur de mal faire." Oui, en fait ça résume bien sa façon de dessiner lol mais une fois qu'on a compris tout ça, ça passe vraiment mieux.
A vrai dire, je crois que Piano m'a appris à l'apprécier un peu plus, ou à comprendre ce qui faisait de lui un artiste.
Enfin, j'ai beaucoup aimé aussi les passages où il décrit sa fille Tautmina et ses réflexions, vraiment hilarants par moment, et très intéressants aussi tous ces passages où il évoque sa "juiveté" et son ressenti par rapport à la place du juif dans la société. On sent qu'il s'amuse beaucoup aussi en pondant ses Carnets.
Bref, dans l'ensemble, vraiment pas mal, se déguste lentement, se grignote par petits bouts car de toute façon ce n'est pas une histoire suivie, mais une série d'anecdotes, réflexions, délires, coups de gueule...
J'ai réussi à mettre la main sur Missionnaire, un autre Carnet, et je sens que là ça va vraiment me plaire, le sujet déjà (j'ai commencé les premières pages), et en plus, la forme est carrément plus lisible et agréable, il y a des couleurs, parfois même des phylactères (!!!), et des cases (!!!) - enfin, ça ressemble plus à une BD comme je connais quoi!