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8 juin 2010 2 08 /06 /juin /2010 00:40

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TRANSAT

 

 

Ça commence comme ces petites BDs pour filles très tendance, type Ma vie est tout à fait fascinante ou Joséphine de Pénélope Bagieu - c'est d'ailleurs pour ça, n'en déplaise à Yaneck Chareyre , que je l'ai embarquée car je pressentais un bon petit moment de détente - sauf que notre héroïne, jeune graphiste, ne se retrouve pas dans ce milieu bobo, faussement cool, fashion, urbain, et, lassée de son quotidien parisien et des préoccupations superficielles et vaines de son entourage, met tout en oeuvre pour pouvoir s'offrir un voyage sur une île et une petite traversée de l'Atlantique à la voile.

 

J'ai bien aimé ce récit de voyage où l'auteure n'idéalise rien dans son escapade, elle avait envie de s'évader de la vie parisienne, elle l'a fait, et partage ses aventures, ses réflexions et rencontres avec simplicité, lucidité et autodérision.

Lecture très agréable et pleine de fraîcheur, on s'échappe avec elle le temps de quelques pages.

 

 

J'ai beaucoup aimé ces réflexions:

 

"Et puis il y a une sorte de mythe du voyageur: celui qui part est regardé avec respect, envie. Fait-on les choses pour le regard que nous portent les autres, ou par réelle motivation intérieure?"


"On pétrit notre nature humaine d'héroïsme comme pour mieux affronter et dépasser notre condition de mortels... alors qu'on ne s'en remettra jamais."


"Eh bien moi, avant de partir, j'étais dans l'état inverse, où chaque geste me semblait vide de sens. Tu sais, cette angoisse qui te prend, pollue ton regard, rendant tout négatif et vain. La peur de se figer dans une vie trop étroite. Parce qu'à 20 ans le monde s'ouvre à toi... et à 30 tu prends conscience que réaliser l'être formidable qui se cache en toi est plus compliqué que prévu. Alors on s'arrange avec le réel, en essayant de ne pas trop se résigner, en jonglant de façon plus ou moins honnête avec soi-même. Et finalement, on fait nos choix en fonction de ce que nous propose notre environnement, du contexte, de notre degré de conscience, des rencontres que l'on fait, de celles que l'on rate... chaque choix dérive d'une multitude de non-choix."

 


L'auteure

Illustratrice pour la presse et le livre jeunesse, remarquée pour deux albums d’autofiction (Moi je et Papa), Aude Picault confirme tout son talent de narratrice avec ce récit autobiographique d’une grande fraîcheur, servi par un trait fin et léger.

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19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 14:04



PAROLES D'ILLETTRISME


Neuf auteurs de bande dessinée retranscrivent ici huit témoignages de personnes illettrées.

Dans la collection "Paroles de...", j'avais adoré Paroles de sourds que j'avais trouvé particulièrement riche en humour et en émotions diverses, et plein d'enseignements sur la culture sourde.

Mon enthousiasme n'a pas suivi ici dans la mesure où je m'attendais peut-être plus à ce que les témoignages se focalisent davantage sur les réalités des conditions d'apprentissage pendant l'âge adulte, les différentes associations impliquées, les structures de formation, je m'attendais également plus à des témoignages de gens qui s'en sont sortis malgré un départ difficile dans la vie, avec un aperçu des moyens grâce auxquels ils s'en sont sortis, plutôt qu'à une galerie de souvenirs d'enfance pauvre et difficile qui expliquent les situations d'illettrisme.
Du coup, cette BD collective était très triste, assez sombre, il n'y a pas vraiment de messages d'espoir qui en ressort, c'était limite déprimant.


Dans la préface, Anne Vinérier, responsable de l'association FARLcI (Formation des Acteurs et Recherche dans la Lutte contre l'Illettrisme), nous explique toutefois qu'illettrisme et pauvreté vont de paire, d'où ce parti pris probablement de mettre en avant ici l'origine du mal qui doit être combattu à sa source pour prévenir ces situations d'illettrisme.
"Histoires singulières qui, reliées les unes aux autres, permettent de comprendre comment "se fabriquent" des situations d'illettrisme. [...]
[...] difficultés d'origine familiale, scolaire, sociale... où sont en cause des institutions qui n'ont pas su aller au bout de leurs missions respectives et qui ont provoqué chez ces personnes des rejets et des humiliations qui restent profondément ancrés dans leur psychisme. [...]
Des visages qui invitent chacun de nous à ne pas nous tromper de débat: illettrisme et pauvreté sont indissociables. C'est sur le terrain de la lutte contre la pauvreté qu'il faut agir pour faire reculer l'illettrisme."


Malgré une lecture plutôt minante dans son ensemble, je dois admettre que les dessins sont superbes, les histoires magnifiquement transcrites, j'ai beaucoup aimé celle de Zahia (mais quelle triste fin...) et apprécié celle d'Amar pour son humour tellement bienvenu dans ce contexte!


A collaboré à ce projet, l'asso BD Boum, dont le but est de "promouvoir, soutenir et favoriser toutes initiatives d'ordre social, culturel et/ou récréatif en faveur de la bande dessinée."

Leur site : http://www.bdboum.com/


Egalement commenté par Keisha qui le recommande chaudement!

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19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 12:09




JAPAN AI - A TALL GIRL'S ADVENTURES IN JAPAN

( JAPAN AI - 3 COPINES AU JAPON )


Présentation de l'éditeur
"En Japonais, "Ai" signifie "Amour" et si vous aimez le Japon, soyez prêts à plonger tête la première dans le monde incroyable de la pop-culture japonaise!

 

Mais Japan Ai est avant tout un journal de voyage.

Aux dessins s’ajoutent naturellement des légendes détaillées narrant les aventures qui ont fait de cette visite une géniale et mémorable expédition.

S’agit-il d’une bande dessinée ? S’agit-il d’un carnet de voyage ? Est-ce un guide ? Oui oui et oui.

Ce livre sera apprécié par tout type de lecteurs. Bien sûr les amateurs du Japon et de mangas se réjouiront de connaître ou de reconnaître les destinations magiques que tout fan qui se respecte rêve de découvrir."



Dès que j'ai vu la couverture, le titre et la quatrième de couv', j'ai su que cette BD allait me plaire!
Le Japon, trois copines à la découverte de sa culture, une couverture rose bonbon avec quelques reflets argentés, des personnages à la bouille irrésistible, ça sentait le "girlie" à outrance mais aussi la fraîcheur et l'humour à travers une caricature pleinement assumée par l'auteure de la "Japan enthusiast" type, qui, à 30 ans, s'extasie sans vergogne devant tout ce qui est "kawaii" (mignon en japonais) tels les Hello Kitty, et adooore les jeux vidéo et les drames romantiques caractéristiques des mangas shojo.

Le style est assez délirant, le récit est foisonnant, l'auteure, Aimee Major Steinberger, est délurée, survoltée, très girlie femme-enfant, le genre à mettre des coeurs partout pour exprimer qu'elle aime quelque chose (et du rose bonbon sur les couvertures ), mais c'est franchement amusant de voir l'excitation communicative de cette passionnée du Japon et des mangas, qui, à travers ses délires, réussit tout de même à disséminer des informations culturellement hautement instructives sur ce pays fascinant et surprenant, et les impressions des Occidentaux au sujet  des moeurs des Japonais sont toujours un régal.

Amenée à se rendre au Japon pour des raisons professionnelles, elle se concocte au passage un programme de visite dans lequel elle entraîne deux copines. C'est finalement un circuit touristique assez classique (mais non sans divers imprévus et péripéties), Kyoto et ses temples, Tokyo et le shopping, les Onsen (sources thermales), etc, mais c'est un circuit qui m'a bien plu et dont je m'inspirerais volontiers pour quand j'irai là-bas! En plus elle donne des adresses et des informations sur tous les lieux qu'elles ont visités en fin de livre.
En réalité, je me retrouve finalement assez bien dans ses délires - s'habiller en Geisha, aller dans des bars à thèmes, se faire une comédie musicale Takarazuka - sauf peut-être (et même sûrement) dans son addiction pour le Cosplay!

Aimee Major Steinberger ne manque pas non plus d'autodérision, elle fait un peu une fixette (d'où le titre original d'ailleurs) sur sa taille (1m82) qui la quasi-handicappe au Japon mais ses réflexions donnent lieu à des comparaisons culturelles très amusantes. Ca m'éclate aussi quand elle gribouille des pseudo-hiragana à l'arrière en précisant qu'elle n'écrit pas le japonais!

Bref, un bon moment de lecture, drôle et divertissant, qui parlera aux voyageurs épris de chocs culturels, et plus particulièrement, bien sûr, aux amoureux du Japon!


L'auteure
Aimee Major Steinberger a grandi à Charleston en Caroline du Sud. Elle est graphiste d'animation et dessinatrice. Elle a travaillé sur l'animation des "Simpsons" et "Futurama" mais aussi sur "Les trois Caballeros" de Disney et "Looney Tunes Back in acion" de la Warner Bros. Aimee est célèbre dans le monde des poupées car elle écrit des articles pour le magazine "Haute Doll magazine" et elle gère le plus gros site anglophone concernant les poupées articulées asiatiques. Sa passion pour les déguisements lui a fait gagner de nombreux prix de Cosplay y compris dans les conventions mondiales les plus connues. Elle vit actuellement en Californie.


Le site de l'auteur:  http://aimeemajor.com/
Le blog de l'auteur: http://aimeekitty.livejournal.com/


Egalement commenté par Céline, de Libérature.

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6 mai 2009 3 06 /05 /mai /2009 12:18



CROISETTE

Quelque temps après Greffier, le carnet dans lequel il chronique le procès intenté à Charlie Hebdo suite à leur publication des caricatures danoises de Mahomet, Joann Sfar se voit proposer la sympathique tâche de dessiner les coulisses du Festival de Cannes lors de son 60è anniversaire en 2007.

L'enjeu est tout autre, place à la superficialité d'un univers dans lequel il faut gratter l'énorme couche "business and money" pour entrapercevoir éventuellement ce qui en fait le Septième Art, place au strass et aux paillettes aussi, et si Joann Sfar n'a rien contre véritablement, il ne s'y sent pas vraiment à sa place et c'est assez peu convaincu qu'il relève cette mission à laquelle il s'attèle tout de même bon gré mal gré.

Qu'on ne s'attende ni à du croustillant ni à du rêve (ce que j'imaginais (et espèrais mine de rien )), ses chroniques ne ressemblent en rien à celles des magazines où l'on verrait les vedettes monter les marches pages après pages, Joann Sfar éclaire ce festival d'une lumière moins glamour en fin de compte, et ce qui en ressort surtout c'est l'ennui, la déprime ressentie par notre dessinateur malgré quelques rencontres intéressantes qui n'éclipseront pas la joie véritable qu'il éprouve en retrouvant l'intimité et la chaleur familiale à quelques kilomètres de là.

"Je me dis que je n'ai rien à raconter sur le festival de Cannes. C'est un lieu agité. Mais il ne s'agit pas du mouvement dont on fait les histoires. Tous les jours je croise de bons personnages [...] mais ça ne suffit pas. Il me manque une dramaturgie."

Enfin, heureusement pour nous, ce carnet est loin d'être aussi ennuyeux que son sujet pour Joann Sfar car il nous divertit comme toujours de son humour de pitre, un poil mordant, son autodérision, de ses réflexions et observations perspicaces, c'est parfois cinglant, le moins que l'on puisse dire c'est que Joann Sfar n'a pas la langue de bois, il dit les choses comme il les pense et les ressent, c'est un régal.

"Il y aurait eu une énième guerre mondiale, personne ici ne s'en serait aperçu. La guerre ici, c'est les films. L'argent qu'ils coûtent. L'argent qu'ils rapportent. L'idée qu'on en a."


Déception aussi de son côté par rapport à l'espoir qu'il avait entretenu d'entendre les gens du milieu parler cinéma, des ficelles du métier, comme des gens passionnés de cet art le feraient, d'autant plus qu'en futur réalisateur et co-producteur du "Chat du Rabbin" (en dessin-animé), il n'aurait pas craché sur quelques leçons de cinéma, et ce festival semblait être le lieu propice à ce genre d'échanges...

"Oui, ça fait une semaine que j'entends des gens parler des films en disant "j'aime, j'aime pas" comme les gamins qui disent "j'aime pas les tomates". Ca fait une semaine que je me cogne la langue de bois des acteurs et réalisateurs anglo-saxons qui font du marketing plutôt que de parler généreusement de leur pratique."

... jusqu'à la rencontre avec Scorsese et sa leçon de cinéma, où là, c'est le déclic, la révélation qui lui donne une folle envie de se mettre au travail pour apprendre à faire un film, au point d'engager un professeur de cinéma. J'ai beaucoup aimé ce passage car sa passion et son excitation sont véritablement communicatives, inspirantes et particulièrement comiques.


Comme toujours dans ses carnets, on a des bonus, ici entre autres un carnet sur son apprentissage du violon, avec, en introduction, un warning qui semblait s'adresser directement à moi (j'étais pliée de rire!):
"Amateurs de carnets de voyages et de récits familiaux, passez votre chemin. Ce livre ne parle que du violon. Et il n'est pas conçu pour vous distraire."
Je ne me le suis pas fait dire deux fois quoique je j'ai feuilleté rapidement des fois que je passais à côté d'un truc vraiment intéressant mais j'ai vraiment du mal avec son écriture pas soignée (et souvent il en fait  des tartines) et ses dessins souvent bien brouillons. La partie consacrée au festival de Cannes était déjà bien dense, bien conséquente, ça m'avait largement suffit.


Voilà, j'ai pratiquement fait le tour des Carnets qui m'intéressaient avec celui-là il me semble, j'ai particulièrement apprécié ceux dédiés aux récits de voyage, il me reste à découvrir ses autres BD mais elles m'attirent moins.


Egalement commenté par Keisha.

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2 septembre 2008 2 02 /09 /septembre /2008 21:15




MOURIR PARTIR REVENIR
LE JEU DES HIRONDELLES


Présentation de l'éditeur
"En avril 2006, sur le site internet de l'Institut National de l'Audiovisuel (INA), je suis tombée sur un reportage tourné à Beyrouth en 1984. Les journalistes interrogeaient les habitants d'une rue située à proximité de la ligne de démarcation, qui coupait la ville en deux. Une femme, bloquée par les bombardements dans l'entrée de son appartement, a dit une phrase qui m'a bouleversé : " Vous savez, je pense qu'on est quand même, peut-être, plus ou moins, en sécurité, ici." Cette femme, c'était ma grand-mère."



L'auteur
Libanaise, Zeina Abirached est née à Beyrouth en 1981. Elle vit actuellement entre Beyrouth et Paris pour assurer la promotion de ces livres. Après des études à l'Académie Libanaise des Beaux arts (ALBA), elle a suivi un cursus spécialisé en animation à l' Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris. Elle est l'auteur de " [Beyrouth] Catharsis ", 1er prix du festival de bande dessinée de Beyrouth en 2002 et du " livre-objet " " 38 rue Youssef Semaani ". Ces deux titres font l'objet d'une réimpression en septembre 2007.



Une BD qui m'a attirée pour son graphisme qui n'était pas sans me rappeler celui de Marjane Satrapi (ce côté noir et blanc, très sobre, les personnages...), quoiqu'ici, les dessins sont beaucoup plus schématiques - puis un rapide coup d'oeil à la 4è page de couv' m'a confirmé que la BD pourrait m'intéresser puisque le récit se situe à Beyrouth - encore une occasion de se cultiver et de découvrir une autre culture! Pour peu qu'il y ait une touche d'humour à la Marjane et je me vois déjà comblée.

Zeina Abirached narre en quelques coups de crayon, une nuit dans un appartement à Beyrouth en 1984, passée à attendre ses parents bloqués chez sa grand-mère quelques rues plus loin.
Le contexte, c'est celui de la guerre civile. Beyrouth est divisée le long de la fameuse "ligne verte", ligne de démarcation entre quartiers musulmans et chrétiens, et entre embuscades, destruction, tirs de francs-tireurs, canons et lance-roquettes, personne n'est en sécurité. 

"Pour éviter le franc-tireur, les habitants du quartier avaient mis au point un système de circulation entre les immeubles... marcher courir grimper sauter raser les murs courir courir marcher se pencher courir grimper sauter attendre attendre attendre courir courir courir... Pour traverser les quelques rues qui nous séparaient, il fallait respecter une chorégraphie complexe et périlleuse."


Alors qu'ils attendent patiemment leurs parents, des voisins d'immeuble les rejoignent un par un, elle et son frère, dans leur appartement. L'entrée de cet appartement est le lieu le plus sûr de l'immeuble, en terme d'abri.
Et c'est avec beaucoup de simplicité que l'auteur relate cette nuit, une parmi d'autres, qui révèle les solidarités entre voisins, le sens de la débrouillardise rendue nécessaire par la situation, le courage des uns et des autres face à des épreuves qui le plus souvent font appel à la réactivité et l'improvisation.

On s'attache aux personnages, à leur histoire, leurs souvenirs, parfois dramatiques, souvent nostalgiques, parfois heureux, souvent amusants. D'une manière générale, tout le monde essaie de vivre comme si tout allait bien, c'est ce qui est assez extraordinaire. Ce récit est par ailleurs plutôt instructif sur la situation à Beyrouth à cette époque (j'avoue que je n'étais pas très au fait - assez vaguement quoi...), en s'articulant juste autour de cette nuit pleine de suspense - épatant pour le coup!

Une scène qui m'a beaucoup marquée, c'est quand un voisin est arrivé avec un légume, en précisant qu'il l'avait lavé, et que tout le monde s'est extasié suite à cette déclaration. Incompréhension, jusqu'à cette explication:
"Pendant la guerre, offrir des fruits ou des légumes à son voisin était déjà un beau cadeau. Mais si en plus on prenait la peine de les laver, cela leur donnait une valeur inestimable."

Hé oui, problème de ravitaillement en eau oblige...

Récit simple et touchant donc, avec l'humour qui dispute sa place à la mort à chaque page.
J'ai beaucoup aimé!

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21 août 2008 4 21 /08 /août /2008 17:30




MAHARAJAH


Voici un des carnets de Sfar sur lequel il me tardait de mettre la main, et pour cause, cette fois-ci c'est en Inde qu'il nous entraîne lors d'une traversée du Rajasthan, alors qu'il s'y traîne lui-même bon gré mal gré.

A la différence des fois où on le suivait lors de ses pérégrinations au Japon et aux Etats-Unis (Missionnaire) où il y était principalement dans le cadre de son travail, Joann Sfar se retrouve ici en vacances en Inde, dans la peau du parfait-touriste-malgré-lui :) : en effet, bien qu'il se retrouve dans un circuit quasi organisé, avec guides et compagnie, Sfar appréhende l'Inde à sa manière.
 
Au départ totalement désintéressé et indifférent à l'Inde, sans attente précise, ne s'étant même pas renseigné un poil sur ce pays, il finit par y recueillir près de 300 pages de dessins et de réflexions qui vont constituer ce carnet au 3/4 (l'autre quart étant consacré à ses anecdotes familiales et professionnelles).
Son approche, ses observations et son regard très personnels font de ce carnet un document particulièrement intéressant et très instructif sur l'Inde. Allant du général (castes, traditions, cultures) au détail, sur le comportement des indiens, mais aussi des touristes, ses réflexions et son expérience propre de ce pays alimentent chaque page de son carnet avec beaucoup de curry piquant (hihi).

L'aquarelle colle bien aux paysages, les couleurs sont vraiment très belles, ton pastel, mais bon, pour moi c'est toujours aussi brouillon et souvent illisible. Enfin, c'est la patte Sfar, on finit presque par s'y faire.

Ca m'éclate toujours aussi de réaliser qu'il est conscient que son style graphique ne fasse pas l'unanimité mais qu'il s'en tape (et il a bien raison). J'ai noté en exemple ce passage, alors qu'il était interviewé par un journaliste à France Culture:

"Alors Joann Sfar, comment définir votre dessin? C'est, comment dire, un peu vite fait, approximatif et avec des lettrages mal faits. Enfin disons que c'est pas très esthétique. Est-ce que c'est fait exprès ou est-ce qu'il y a une réflexion derrière?" "Non c'est juste parce que je suis con."

Mdr! C'est tellement ce que je pense de ses dessins!

Beaucoup d'autodérision, d'humour, de bons délires aussi (je pense notamment à ses impressions de voyage en train, ou les délires qu'il se fait quand il s'ennuie dans les musées et que son esprit vagabonde)!!!

Le plus du carnet de voyage, c'est que ce sont les impressions à vif et à chaud de son auteur, son flot de pensées, pas de langue de bois, pas d'enjolivement de quoi que ce soit, et c'est particulièrement appréciable, surtout en dessin.

Vraiment ravie de ce petit voyage en Inde plutôt original!

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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 14:30




UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE


Mot de l'éditeur:
"Qui sont vraiment les altermondialistes? Des exaltés? Des révolutionnaires? Des rêveurs? Les prochains dirigeants de la planète? Que se passe-t-il exactement lors de leurs forums mondiaux type Porto Alegre? Succession de fêtes ou réunions à n’en plus finir? Ambiance peace and love ou ambiance symposium de chercheurs? 
A toutes ces questions et à bien d’autres, Un autre monde est possible va répondre, car cette bande dessinée est le premier grand reportage au cœur du mouvement altermondialiste. Pierre Cattan et François Olislaeger (qui se mettent en scène dans le livre) sont partis avec la délégation d’Attac, l’association à l’origine du mouvement altermondialiste, suivre le forum mondial de 2005 qui, cette année, ne s’est pas tenu à Porto Alegre au Brésil mais à Caracas au Venezuela.
Nos deux reporters vont être plongés au cœur du mouvement anticapitaliste avec ses mythologies (la délégation cubaine est acclamée), ses stars (Bernard Cassen, Olivier Besancenot), ses contradictions (tout le monde est logé au Hilton), ses réunions (interminables et incompréhensibles car chacun s’exprime dans sa langue sans système de traduction simultanée) et son folklore (défilés, distributions de cartables aux Vénézuéliens), etc. 
A la fois lucide et empathique, ce reportage illustré nous fait pénétrer dans les coulisses du dernier grand mouvement politique moderne."



Un tour d'horizon plutôt intéressant et éclairant sur les coulisses du mouvement altermondialiste, à travers la plume et le regard de deux reporters embarqués par Attac lors du forum mondial de 2005 à Caracas.
Le résumé ci-dessus est très complet (vive les cop/col!), inutile pour moi donc de m'étaler sur ce sujet, j'ajouterai juste que j'ai bien aimé ce tandem de reporters, opposés dans leur personnalité et leurs intérêts par rapport à ce voyage, l'un étant à fond dans l'idéalisation de ce mouvement, l'enthousiasme du révolutionnaire, et l'autre étant plutôt là en artiste-touriste roots tranquille mais un poil cynique que l'événement n'impressionne guère plus que ça.
BD sympatoche qui a le mérite d'être unique pour le thème abordé.

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14 juin 2008 6 14 /06 /juin /2008 21:21




MISSIONNAIRE


Présentation de l'éditeur
Missionnaire rassemble les carnets de voyage tenus par Joann Sfar durant ses séjours à Tokyo en 2005 et aux États-Unis en 2006, ainsi qu'un florilège d'aquarelles dessinées à Edimbourg et au Maroc.



Encore un carnet de Joann Sfar mais celui-là m'intéressait vraiment car à la différence de Greffier et Piano, il s'assimile à un carnet de voyage où l'auteur égrène, entre autres, réflexions et anecdotes cocasses sur des pays et des mentalités culturellement différents des nôtres.

Le thème ici me parle donc, d'autant plus qu'il s'agit de l'étranger (français) au Japon et aux Etats-Unis, et comme, en plus, ainsi que je le soulignais déjà dans Piano, la forme m'est plus lisible, moins brouillon, plus familière, la lecture en est forcément plus agréable, et j'ai vraiment passé un bon moment en compagnie de Joann Sfar. Il faut dire qu'au bout de deux BDs, je me suis vraiment familiarisée avec son style et sa manière d'être, et que ce qui m'irritait au début commence maintenant à véritablement m'amuser (!!).

Son humour et son autodérision y sont pour beaucoup, j'ai bien aimé par exemple sa réflexion par rapport à Emmanuel Guibert (que j'adoooore!!) ici: "... Vue panoramique sur la ville illuminée. Si j'étais  Emmanuel Guibert, j'aurais fait un super dessin. Comme je suis Joann Sfar, je préfère faire l'andouille avec Walter, Youka et Sandrina."
Il fait effectivement beaucoup l'andouille dans ses carnets, ça fait partie du charme du personnage, mais il n'en aborde pas moins, tout au long de ses divers délires, des thématiques qu'il développe avec  (plus ou moins de) sérieux et qui amènent à la réflexion. J'aime particulièrement ses remarques concernant son rapport à son métier, au dessin d'une manière générale, et ici notamment, ses réflexions sur le travail sur l'écriture et le scénario, c'est vraiment intéressant et instructif.

Je ne suis pas devenue fan pour autant (loin de là!) mais au moins j'aurai découvert quelques-unes de ses oeuvres et appris à l'apprécier un peu mieux. Le prochain que je lirai de lui, thème oblige, sera Maharajah, autre carnet de voyage, et puis après je pense que je m'arrêterai là le concernant.

Ah oui! Je retiens entre autres, de Missionnaire, son jeu de mot pour "Merci de tout coeur" en japonais : "Alligator Grosse Limace". C'est débile mais ça me fait rire, surtout la façon dont il en fait usage dans sa BD!

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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 00:06




PIANO


Présentation de l'éditeur
"Emporté à toute allure par ses Carnets, Joann Sfar dit que c'est " la chose qu'il préfère faire en ce moment ", et L'Association essaie tant bien que mal de suivre le rythme. Après Harmonica, Ukulélé et Parapluie, voici donc le quatrième volume, mélangeant textes manuscrits, croquis, photos, séquences de bande dessinée et même contribution d'auteurs amis, les Carnets de Joann Sfar forment désormais une sorte de bibliothèque-feuilleton unique en son genre et d'une liberté totale."




Bon, ça y est, je commence à suivre... (smiley zyeux en l'air... soupire deviné) Faudrait vraiment que j'apprenne à me renseigner avant de me lancer dans des lectures en croyant les varier... Parce qu'en fait Piano fait partie des Carnets... C'est pas écrit sur la couverture aussi... alors que pour Greffier c'était écrit clairement... et quand j'avais regardé les couvertures de Missionnaire et de Maharajah, c'était écrit aussi...
Mais maintenant, grâce à Wiki, tout est plus clair dans ma 'tite tête..
Parce qu'en fait, il y a deux éditeurs des Carnets (lumière!), dont un qui le précise sur sa couverture, et l'autre pas, et il y a neuf Carnets en tout!

Les détails ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Carnets_de_Joann_Sfar


Donc en fait, Piano ne m'a pas trop changé de Greffier (supeeeer...) dans le sens où l'auteur expose ses états d'âme, ses coups de gueule, ses réflexions, ses souvenirs, ses délires, un peu tout ce qui lui passe par la tête (encore que Greffier, il y a un fil conducteur et un contexte très précis, et que ça s'assimilerait plus à un rapport de l'auteur sur un procès dont il a été témoin) et purée!! qu'est-ce que c'est toujours aussi brouillon (!!!) - bon, non, un peu moins en fait - ou alors je commence à m'y faire...

Non, Greffier est particulièrement brouillon parce qu'il le dessinait "en live", donc ça ressemble un peu à nos prises de notes quand on est pressé (il y a un petit côté appréciable quand j'y pense parce que du coup ça donne l'impression d'un auteur qui ne s'embarasse pas de chichis, qui ne se plie à aucune norme si ce n'est la sienne, le message qu'il veut faire passer passe avant tout (d'ailleurs parfois dans Piano, il ne s'embête même pas à accompagner son texte de dessins), il y a beaucoup de spontanéité chez lui, il fait comme il a envie de faire, et si on l'accepte tel qu'il est et tel qu'il pense, tant mieux, sinon tant pis, et je trouve ça assez amusant en fin de compte - surtout qu'il ait réussi à s'imposer comme ça).

Enfin, la force de ses Carnets (je ne sais pas pour ses autres BDs), ce sont vraiment ses propos, ses réflexions, son humour, parce que les dessins et la forme, j'ai vraiment du mal à m'enthousiasmer devant. Il semble d'ailleurs être conscient du fait que son sens de l'esthétisme ne fasse pas l'unanimité en pratiquant souvent l'autodérision, parfois il avoue même ne pas réussir à dessiner, en même temps, on sent qu'il sait très clairement ce qu'il fait.

J'ai bien aimé d'ailleurs un long passage où il expliquait sa façon de dessiner (qui s'inspire de quelques-uns de ses dessinateurs préférés), c'était à la fois amusant, instructif et plutôt passionnant: "un trait, on le fait d'un coup, comme ça vient", ce qui justifie le fait qu'on n'est pas dans la perfection mais peut-être plus dans l'émotion, et c'est ce qu'on ressent en lisant ses BD, il se livre en fait à nous brut de pomme, ainsi que tous ses personnages, ses réflexions, c'est à prendre ou à laisser. Egalement, "on commence par ce qu'on a envie de raconter - si le personnage se met le doigt dans le nez - on commence par le trou de nez - et le reste doit suivre comme ça peu". C'est une méthode que j'aime bien en fin de compte et qui explique la bizarrerie (pour ne pas dire l'inesthétisme...) de ses dessins. Aussi, "Pourquoi tu gommes? Dessine sans te compliquer la vie et sans avoir peur de mal faire." Oui, en fait ça résume bien sa façon de dessiner lol mais une fois qu'on a compris tout ça, ça passe vraiment mieux.
A vrai dire, je crois que Piano m'a appris à l'apprécier un peu plus, ou à comprendre ce qui faisait de lui un artiste.

Enfin, j'ai beaucoup aimé aussi les passages où il décrit sa fille Tautmina et ses réflexions, vraiment hilarants par moment, et très intéressants aussi tous ces passages où il évoque sa "juiveté" et son ressenti par rapport à la place du juif dans la société. On sent qu'il s'amuse beaucoup aussi en pondant ses Carnets.

Bref, dans l'ensemble, vraiment pas mal, se déguste lentement, se grignote par petits bouts car de toute façon ce n'est pas une histoire suivie, mais une série d'anecdotes, réflexions, délires, coups de gueule...


J'ai réussi à mettre la main sur Missionnaire, un autre Carnet, et je sens que là ça va vraiment me plaire, le sujet déjà (j'ai commencé les premières pages), et en plus, la forme est carrément plus lisible et agréable, il y a des couleurs, parfois même des phylactères (!!!), et des cases (!!!) - enfin, ça ressemble plus à une BD comme je connais quoi!

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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 17:30




MA MERE ETAIT UNE TRES BELLE FEMME


Présentation de l'éditeur:
"Karlien de Villiers, née en Afrique du Sud en 1975, raconte sa jeunesse de petite blanche dans une famille d’afrikaners, au moment  de la chute de l’Apartheid. Le fil conducteur de cette histoire est la désintégration de sa famille: ses parents divorcent lorsqu’elle a sept ans. Le portrait d’une famille en dislocation devient la métaphore des tensions internes d’une société marquée au quotidien par des lois racistes et une répression véritablement dictatoriale.
Karlien de Villiers se concentre sur la petite histoire, celle de sa famille, tout en décrivant ce contexte historique particulièrement mouvementé et l’aveuglement plus ou moins délibéré d’une population blanche endoctrinée."




Dans la série des BDs qui instruisent sur des cultures "lointaines", celle-ci est bien placée puisqu'elle m'a permis de plonger dans la civilisation sud-africaine des années 80s à 2000. Cet aspect n'est cependant que la toile de fond d'une histoire de famille assez tragique, quoique pas inhabituelle, mais dont l'ordinaire est rehaussé par les tensions politiques et les confits raciaux propres à ce pays et à ces années d'avant et d'après Apartheid.

L'auteur ne s'appesantit pas dessus, cet aspect est présenté comme un quotidien ordinaire dont elle a été témoin, mais il est assez présent pour faire frémir et choquer quand on pense que ces mentalités et attitudes ont perduré des années alors qu'on était quand même bien avancé dans le XXè siècle.

Je suis d'ailleurs sortie assez minée de cette BD, pour tout dire ça ne m'a pas fait du bien du tout, cela dit c'était plus lié à l'histoire de cette famille qu'à l'histoire du pays dont on connait déjà les grandes lignes. Très instructif à ce sujet cependant cette BD car l'auteur aborde ces thèmes politiques et sociaux avec beaucoup de simplicité et même une certaine candeur (la majorité de l'histoire se déroulant pendant son enfance), les rendant ainsi accessibles à tout public.
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