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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 00:29

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TSUBAKI

 

                LE POIDS DES SECRETS - Tome 1

 

 

On peut parfois en vouloir à la blogo de sa responsabilité vis-à-vis de nos PAL grandissantes, on peut aussi la remercier de nous motiver à les réduire. C'est le cas ici pour Tsubaki qui croupissait dans ma PAL depuis quelques années. Ce court roman, premier d'une série de cinq, avait toujours attisé ma curiosité et j'en avais déjà entendu dire le plus grand bien, mais je n'étais jamais vraiment pressée de le lire, jusqu'à ce que je vois cette série fleurir sur les blogs récemment.

 

Et voilà,  ma curiosité est maintenant satisfaite!

C'est étrange mais ce roman m'a souvent fait penser à la trilogie d'Agota Kristof bien que je ne me souvienne plus bien de l'histoire aujourd'hui et que les sujets soient différents. Peut-être pour le rapport à la période de la seconde guerre mondiale. Peut-être par rapport à quelque chose qui me semble "fishy" dans cette histoire, du coup je me demande où l'auteure veut nous mener. Peut-être aussi parce que, tout comme Agota Kristof, l'auteure, Aki Shimazaki, s'est aventurée à écrire en français bien que ce ne soit pas sa langue maternelle, et j'ai trouvé ça admirable, surtout que le style d'Aki Shimazaki, sobre, soigné et épuré, est agréable à lire.

 

Je dois dire que j'ai pourtant été un peu déçue du sujet quand je me suis rendue compte, au fil des pages, de quoi il retournait. Arrivée au milieu, je m'étais même dit que je ne lirais probablement pas ses livres suivants si c'était dans la continuité de celui-ci. L'histoire de la mère de la narratrice pendant la seconde guerre mondiale m'a semblé digne des plus grandes tragédies grecques avec cette histoire de meurtre et de presque inceste... j'avoue, ça m'a peu parlée.

Et puis, arrivée à la dernière page, et surtout, à la dernière phrase, il me semble qu'il va quand même falloir que je continue ma lecture de cette série!! 

 

Ce qui m'a perdue aussi et qui me semblait assez pénible, c'est de s'y retrouver autour de tous ces liens, père, mère, grand-père, grand-mère, la narratrice parlant de sa mère, qui elle-même parle de sa mère, de son père, du mari de l'autre, du père de la mère, du fils de la fille de la mère, bref... n'ayant jamais osé lire entièrement les commentaires des uns et des autres dans la mesure où je savais que j'allais lire ce roman, je m'en vais me rattraper maintenant et voir si je suis la seule à avoir vécu cette difficulté...

 

Pas entièrement conquise donc à ce stade, mais je n'ai pas d'autre choix que de continuer maintenant, vu que ce roman se terminait sur un suspense insoutenable!

 

 

L'auteur

Née au Japon, Aki Shimazaki vit à Montréal depuis plus de dix ans. Tsubaki est le premier volet de sa pentalogie "Le Poids des secrets", qui comprend également Hamaguri, Tsubame, Wasurenagusa et Hotaru (tous publiés par Leméac/Actes Sud). Elle a remporté le prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec pour Hamaguri et le prix Canada-Japon pour Wasurenagusa.

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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 00:44

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DIX MILLE

        AUTOBIOGRAPHIE D'UN LIVRE

 

                               traduit de l'italien par Françoise Brun

 

 

Très court livre, 80 pages à tout casser, des phrases courtes et vives, qui disent et vont à l'essentiel.

Mini coup de coeur, et pour cause, il s'agit de l'autobiographie d'un livre!

 

Le concept est vraiment original, j'ai beaucoup aimé l'idée du livre racontant sa vie de livre, comme un animal raconterait sa vie. La comparaison n'est pas anodine car à plusieurs reprises, le roman qui se raconte à la première personne ici m'a fait penser à un animal qui attend désespérément dans son chenil qu'on vienne l'adopter. Je vous jure, il a failli me briser le coeur à plusieurs reprises!

 

Notre livre a eu trois propriétaires et, de nouveau dans une librairie, il attend son prochain acquéreur. Au côté d'autres livres, les réflexions vont bon train (les livres papotent entre eux, figurez-vous), ainsi que les observations des clients de la librairie, et les souvenirs, car notre livre a vu les époques défiler, de celle avant l'apparition de la télévision à celle d'aujourd'hui, avec Internet. Il n'est plus très "in" notre livre, et a du mal à se faire remarquer. Le destin qu'il craint: le recyclage.

 

Tour à tour extrêmement amusant et parfois frôlant la tragédie, ce court récit séduira très certainement les lecteurs, en particulier type LCA, qui comprendront très bien qu'un livre puisse frémir de plaisir à l'idée d'être palpé, désiré, embarqué.

 

Des extraits:

"Pas Steinbeck non plus. Il le repose. Bon retour parmi nous. J'y tiens, moi, à ta compagnie. Toutes ces conversations intéressantes; et puis, un peu le même destin. Passé de mode toi aussi, au fond. Pas autant que moi; ce serait présomptueux de ma part; mais nous avons en commun un petit parfum hors du temps. Il suffit d'observer le comportement des jeunes: à peine s'ils nous regardent."

 

"Elle m'a pris en main un soir, à la fin d'une longue conversation avec son mari. D'abord, elle a lu mon dos. L'émotion d'être regardé, après un si long temps." (j'adore cette image du dos!)

 

"Elle a lu mon titre à voix haute. "C'est comment? a-t-elle demandé. Ça a l'air intéressant."

Panique. Les femmes manquent parfois de psychologie. Une question d'une telle importance. Un soir comme des milliers, sans préparation. La question qui remet en cause toute votre existence. Au hasard.

[...] 

"Oui, oui, c'est intéressant. Que veux-tu, il y a des années que j'ai lu ça. Ils disent presque tous que ce n'est pas un de ses meilleurs; mais à l'époque, il m'avait assez plu." Soupir de soulagement." 

 

Ma question, c'est, de quel livre il s'agit??! De nombreux indices sont semés mais je n'ai pas réussi à l'identifier!

Si je ne l'avais emprunté à la bib', voilà bien un livre que j'aurais volontiers fait voyager, tiens!

 

 

L'auteur

Né en 1960, Andrea Kerbaker est l'auteur de nouvelles, Fotogrammi (1997), et d'un roman, Pater familias (2001). Il vit à Milan.

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4 septembre 2010 6 04 /09 /septembre /2010 15:54

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LES BOÎTES DE MA FEMME

 

                         traduit du coréen par Lee Hye-young et Pierrick Micottis

 

 

Un recueil de nouvelles qui aurait aussi bien pu s'intituler "Ma femme évanescente", "Les beaux amants", "On n'avait pas pensé à l'imprévu" ou encore "Yeonmi et Youmi", titres des nouvelles qui le composent et qui dressent le portrait de la société coréenne contemporaine à travers celui de la femme coréenne d'aujourd'hui, des histoires de couples, d'hommes et de femmes de notre temps. J'ai été assez surprise de l'universalité des sentiments, des attentes, des réflexions sur les rapports homme/femme que chaque récit souligne.

On s'y retrouve, s'identifie parfois, et en même temps, il y a indéniablement un souffle venu d'ailleurs, qui embrume ces histoires d'un certain voile coréen qui n'est pas sans rappeler celui japonais.

 

Si je devais résumer en une phrase, je dirais: un regard subtil et perspicace sur les rapports humains, du charme et de la poésie dans l'écriture.

 

A lire ne serait-ce que pour savourer "Les beaux amants", une sorte de traité ou d'étude sur la vie du couple, sa rencontre et sa fin. J'y ai trouvé le style de l'auteure absolument délicieux, original, elle a une façon de raconter les choses avec grâce, sobriété mais avec un magnétisme puissant et absorbant,  et  ses réflexions sont ponctuées de touches d'humour et de dérision inattendues:

 

"[...] en ce sens, on peut dire qu'ils acquièrent, en quelque sorte, la technique même de la restauration virginale de leurs sentiments. Trois chimères surgissent en eux: je suis amoureux (autosuggestion), cette personne est spéciale (fantasme), cette fois, c'est véritablement mon premier amour (naïveté)."

 

Très belle surprise que ces nouvelles coréennes! Si je ne suis pas vraiment rentrée dans les deux premières, les suivantes m'ont indéniablement séduites, surtout par le style de l'auteure qui me semble assez unique.

 

 

L'auteur

Eun Hee-kyung, née en Corée en 1959, publie en 1996 son premier roman, Le cadeau de l’oiseau, prix Munhakdongne de la fiction.
Elle fait paraître ensuite une dizaine de livres et obtient d’autres prix importants venant couronner une reconnaissance critique et un très grand succès populaire.
Les boîtes de ma femme est son premier recueil de nouvelles traduit en français.

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 00:23

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PARFOIS LES BRÖTCHEN CROQUENT SOUS LA DENT

 

                           traduit de l'allemand par Leïla Pellissier et Frank Sievers

 

 

Voilà un des plus courts romans qu'il m'ait jamais été donné de lire, vraiment très très court, une trentaine de pages environ aux éditions Autrement, un récit léger et croustillant au charme presque désuet, dont la quatrième de couv' m'a tout de suite mise en appétit:


"Lorsque le narrateur de ce court récit tombe sous le charme des irrésistibles pains spéciaux fabriqués par Schwint, le boulanger de la rue dans laquelle il vient d'emménager, s'enclenche un troc sans fin. Car Schwint lui réclame bientôt, en contrepartie, un certain roman érotique chinois, parfaitement superflu mais qui lui est tout aussi indispensable. Et voilà le piège de la gourmandise qui se referme. Mais que ne ferait-on pas pour se procurer un plaisir rare?

Une fable drôle et raffinée... à déguster sans modération."  

 

Cela me semblait être un prétexte à des situations cocasses, à du léger et du divertissant, une belle petite découverte en perspective, et c'est tout à fait ça.

J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, savoureux, imagé, agrémenté d'un humour fin et léger, un vrai régal.

Goûtez donc:

 

"Il faisait des brötchen comme on ne croyait plus jamais en revoir. C'était comme si une espèce disparue avait laissé l'un des siens pour montrer au monde ce qu'il avait perdu." (je trouve ça vraiment joliment dit, je visualise parfaitement!)

 

"Le boulanger salua et les douze clients dans la boutique lui rendirent son salut, et à l'intonation, on comprenait qu'un roi se montrait à son peuple."

 

La fin m'a un peu laissée sur ma faim, comme ces fables dont on ne sait pas trop quoi en tirer, à part un joli moment de lecture, mais ce fut malgré tout un petit en-cas livresque fort agréable.

 

 

L'auteur

Hermann Kant, né en 1926, a publié la plus grande partie de son oeuvre sous le régime de la RDA. Seul avait été traduit en français jusqu'ici son roman le plus célèbre, L'Amphithéâtre.

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 16:24

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PENDANT QU'IL TE REGARDE TU ES LA VIERGE MARIE

 

                                traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson

 

 

Un titre qui m'avait intriguée quand je l'ai aperçu chez Mélopée et dont le billet m'avait décidée à le noter dans ma LAL. Des nouvelles islandaises, voilà un terrain que je n'avais pas encore exploré, côté Islande je n'avais d'ailleurs comme référence que Hugleikur Dagsson dont l'humour féroce m'avait séduite, et puis d'une manière générale, j'adhère assez aux sélections des éditions Zulma.

Sans compter que la 4è de couv' annonce cocasserie et humour (subtil certes mais humour quand même):

   

"Offrir un bain à l'absente après un concert, donner à manger de la pâtée pour chat à ses enfants reclus, adopter solennellement un ficus ou prendre Dieu pour amant, le quotidien islandais ne manque pas d'insolite cocasserie. Histoires d'amour, de haine, de fantômes, de règlements de comptes, avec les autres ou avec soi-même, se succèdent avec un naturel confondant de justesse et de subtil humour pour dire, entre deux chutes proches du tour de passe-passe, l'envers biscornu des vies ordinaires."

 

 

Ah, comme j'aurais aimé pouvoir écrire très exactement ce petit commentaire, mais non, le mien sera: déception... (bah oui ça arrive...)... et en même temps, je ne suis pas si surprise que ça car c'est très précisément le style de nouvelles auxquelles je n'adhère pas trop, des espèces d'aperçus ou de bouts d'histoires ancrées dans un quotidien ordinaire, comme choisi au hasard d'on-ne-sait-quoi, avec une chute qui vous laisse sur votre faim, limite un peu con...

Je n'y ai par ailleurs pas trouvé d'intérêt majeur, malgré le petit côté décalé prometteur que laissait entendre le titre du recueil, c'est un petit peu décalé et légèrement spécial d'ailleurs, mais bon, ça ne m'a pas retourné, j'ai senti en tout cas que j'étais bizarrement totalement hermétique à ce que je lisais (j'ai d'ailleurs lu en diagonale dès la moitié du recueil) (et "bizarrement", parce que le décalé et le spécial, c'est un de mes univers de prédilection quand même...) (mais bon, admettons que je sois passée à côté...).

Quant à l'humour, j'étais plutôt attentive mais possible qu'il était trop subtil pour moi.

 

 

L'auteur

Gudrun Eva Mínervudottir naît en 1976 à Reykjavík. Elle suit d’abord sa mère, professeur de piano, de village en village à travers le pays, puis réintègre la capitale en 1993 pour entrer au lycée et travailler comme barmaid.
En 1998, paraît le recueil de nouvelles Pendant qu’il te regarde tu es la Vierge Marie, très bien accueilli par la critique. Puis deux romans, Lúlí, ljúlí et Fyrirlestur um hamingjuna (Conférence sur le bonheur), publiés par Bjartur.
Gudrun Eva vit désormais à Reykjavík, où elle se consacre à l’écriture et, à ses moments perdus, aux études de philosophie à l’Université d’Islande.

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2 juin 2010 3 02 /06 /juin /2010 12:56

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JE VEUX DEVENIR MOINE ZEN !

 

                               traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu

 

 

Quatrième de couv':

"Lorsque votre fils âgé de huit ans, un enfant comme les autres, dissipé à l'école et turbulent à la maison, gavé de hamburgers et de séries télévisées, vous annonce qu'il veut devenir moine zen, comment ne pas tomber des nues? Pourtant, ce ne sont pas des paroles en l'air et Ryôta laissera derrière lui sa maison, sa famille et jusqu'à son propre nom pour accomplir sa vocation.

Un livre comme un kôan zen: d'une simplicité désarmante, il raconte avec une allégresse et un humour dévastateurs comment la décision d'un petit garçon va bousculer toutes les certitudes de ses parents, changer leur rapport au monde et les éveiller malgré eux à des vérités qu'ils n'avaient jamais soupçonnées.

 

Ce roman largement autobiographique a obtenu en 1988 au Japon le prestigieux prix Akutagawa."

 

 

Un court roman qui m'avait été recommandé récemment par un ami, je ne sais plus pour quelle raison, mais qui m'avait donné envie à tel point que je me suis précipitée dessus la semaine dernière, d'autant plus que la 4è de couv' précise "humour dévastateur". Si je mentionne tout ça c'est que je l'ai lu avec l'idée que j'allais vivre un superbe moment de lecture et qu'en réalité, je ressors de là un peu "vide", à me demander ce que m'a apporté cette lecture... et surtout à quel sujet déjà je m'étais dit qu'il fallait ab-so-lu-ment que je le lise (bon, je redemanderai...).

 

La lecture n'est pas désagréable mais "humour dévastateur" me semble exagéré. Il y a quelques passages qui prêtent à sourire, le personnage de l'abbesse est excellent et plutôt amusant, ses réflexions, son attitude, sa personnalité en font un personnage détonnant et inattendu, à la limite, ce roman vaut le détour juste pour sa présence, car en dehors de ça, je n'ai pas vraiment été secoué par ce récit, ni par sa dimension spirituelle. En fait je crois que je m'attendais à comprendre les motivations du fils, à y suivre davantage les événements de son point de vue et non de ceux du père.

 

L'intérêt pour moi réside tout de même dans le fait que ce roman est a priori autobiographique, et comme tout ce qui est du domaine du vécu, ça prend une dimension autre, il y a quelque chose de forcément "touchant". La confrontation tradition, religion et modernité était aussi plutôt intéressante, l'aperçu de cet univers monacal également, ses rites, le concept du zazen, les conflits intérieurs du père, l'évolution du fils, de son entourage, non, en réalité tout cela est parfaitement bien relaté, mais bon, je n'ai peut-être pas su appréhender ce livre correctement, ou je n'étais tout simplement pas en phase à ce moment-là...

 

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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 22:41



LAS PIADOSAS

( LA VILLA DES MYSTÈRES )

                      traduit de l'espagnol (Argentine) par Claude Bleton

En quelques mots:
Été 1816 aux abords du lac Léman. La villa Diodati accueille des personnages assez inattendus dans le cadre d'un roman, et pour cause, il s'agit des illustres (et moins illustres): Lord Byron, Percy et Mary Shelley, Claire Clairmont et John William Polidori. Ce dernier, secrétaire de Lord Byron, est rongé par l'ambition littéraire et l'envie de surpasser son maître. Une lettre, suivie de quelques autres, provenant d'une certaine Annette Legrand, va changer le cours de son existence de manière tout à fait imprévisible.

Roman absolument étonnant, La villa des mystères est un récit hautement original, baigné d'une douce ironie, oscillant entre fantastique et érotique (âmes sensibles s'abstenir, c'est particulièrement cru et assez déconcertant mais sans vulgarité - très sensuel, disons), qui soulève des réflexions sur le thème de la paternité littéraire.

Très inspiré ici, l'auteur, Federico Andahazi, fait de la villa Diodati - qui, au passage, a réellement reçu nos protagonistes lors de l'été 1816, et vu naître les prémisses du célèbre roman de Mary Shelley - le théâtre d'événements faisant écho aux romans gothiques, et élabore une théorie personnelle et audacieuse sur la genèse des romans sur les vampires et du Frankenstein de Mary Shelley. Sur ce dernier point, j'ai un doute par rapport à ce qu'il faut comprendre... Qu'elle était un homme?

Style savoureux, roman superbement écrit (et/ou traduit), l'auteur retranscrit avec un réalisme saisissant les événements de ce récit, on s'identifie à des situations sans les avoir forcément vécues, on se délecte de chaque phrase, les lettres d'Annette Legrand m'ont particulièrement enchantée (malgré les quelques images parfois peu ragoûtantes qu'elle évoque tout le long). J'ai beaucoup aimé aussi le portrait du docteur Polidori, être aigri, envieux, orgueilleux, jaloux, formidablement bien dépeint par l'auteur.

La Villa des mystères est un roman qui porte bien son nom. Tout le long, on se pose des questions sur ce qui se passe, et surtout, sur la façon dont va se dénouer l'histoire. On croit savoir mais...
J'ai adoré la fin qui m'a arraché un grand sourire, genre, trop fort cet auteur!

Roman court mais fascinant, bien que j'ai été quelque peu dubitative au début, notamment lors de l'entrée en scène d'Annette Legrand qui m'avait paru alors trop convenue, un peu facile... mais c'était sans savoir ce qui allait suivre...

A noter que ce livre existe en version poche dans la collection Folio SF, ce qui m'a grandement étonnée car je ne catégoriserais pas ce livre SF du tout... fantastique oui, sûrement... au même titre que Frankenstein, par exemple.


Repéré sur le blog de Nico (un grand merci pour en avoir parlé, ce livre est une très belle découverte que je digère encore et qui donne envie de se plonger dans les autres oeuvres de l'auteur).


L'auteur
Federico Andahazi est né en 1963 à Buenos Aires où il exerce aujourd'hui le métier de psychiatre parallèlement à sa carrière d'écrivain. La Villa des mystères est son deuxième roman.
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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 13:45



QUESTION DE L'ÊTRE ET BEAUTÉ FÉMININE


Ouvrage dans lequel je me suis lancée à mes risques et périls, le titre et le thème ne me parlant pas, côté philosophie je ne comprends que La philosophie pour les nuls, ou tout au mieux, Le monde de Sophie de Jostein Gaarder, et  j'ai encore un souvenir cauchemardesque de Narcisse et Goldmund d'Herman Hesse. Quant à la question de l'être et la beauté féminine du point de vue de l'homme soupirant, soupirs...

Je commence donc le livre tremblotante, malgré une certaine curiosité et l'espoir d'un coup de massue sur mes appréhensions. Ça commence ni bien ni mal, ça commence, miracle, je comprends à peu près ce que je lis, et je poursuis, sans rebut à mon grand étonnement mais sans passion non plus. Les considérations sur la femme étant très masculines (ne pas comprendre machistes ou vulgaires, au contraire, le personnage du récit est (trop) plein d'admiration pour la femme et de poésie -> encore le truc qui me donne des boutons), je n'adhère pas vraiment à ce qui y est dit, je me sens en observateur assez indifférent...

... jusqu'à ce que j'arrive à un passage, celui de la rencontre entre Aldo et Flora, où les dialogues prennent une tournure absurde et décalée et je pars dans un grand éclat de rire. Le récit se poursuit sur le même ton et je me rends compte qu'il faut prendre cette enveloppe de sérieux au second, voire au dixième degré. Les passages de l'Encyclopédie du bas-monde à l'usage des extra-terrestres m'ont énormément amusée tellement ils étaient délirants.

Un extrait:
"Maintenant une question subsiste, me direz-vous: pourquoi les femmes ont-elles précisément deux seins, et non un seul? La seule réponse qui me vient à l'esprit est que, sans cela, tous les hommes seraient atteints de strabisme convergent et donc très mauvais à la chasse - compromettant alors la survie de l'espèce toute entière."

En conclusion, je n'ai rien compris, comme je m'y attendais, sur la question de l'être et la beauté féminine, en dehors de ces passages destinés aux aliens, qui semblent pourtant aussi liés au sujet que la mayonnaise au tiramisu.... Je dois être un extra-terrestre.


Cet ouvrage se poursuit par de courts textes réunis dans un recueil intitulé "Comment errez-vous?", qui s'assimilent à des élucubrations de l'auteur sur des sujets qui m'ont souvent échappé. J'avoue avoir survolé les derniers car j'ai du mal avec ce genre d'exercices, en revanche, le changement total de registre dans le premier texte de ce recueil, "L'un l'autre", m'a complètement déroutée et emballée tellement je ne m'y attendais pas. L'auteur y dévoile une autre facette de son écriture qui est celle du délire à l'état brut, autour de l'histoire d'un prophète futuriste désigné par Dieu, le style et le propos sont loin de la poésie à laquelle il nous avait habitués dans sa nouvelle précédente, et cette petite surprise m'a beaucoup plu.


Au final, découverte d'un auteur sans conteste original et plein de talent pour l'écriture mais dont le registre et les thèmes ne me correspondent pas totalement, et sont surtout un poil trop raffinés et subtils pour ma petite tête.


L'auteur
Normalien, Jérémy Nabati enseigne la philosophie au lycée. Question de l'être et beauté féminine est son premier roman.



Des avis divers et variés chez BOB !

Merci aux éditions Aux Forges de Vulcain pour cette lecture qui change de mes habitudes. J'aurai tenté.

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13 octobre 2009 2 13 /10 /octobre /2009 14:45



CONTRETEMPS


Voici un livre qui, sans le billet de Keisha, n'aurait peut-être pas atterri entre mes mains car j'avoue, ni le titre comme ça ni le nom de l'auteur ne m'auraient probablement arrêté en librairie, j'aurais craint quelque chose de ronflant ou trop académique pour me parler.
Quelle ne fut ma surprise donc quand je note à travers les extraits choisis, un humour décalé qui dément totalement le texte prise de tête, me correspond et met à mal tous mes préjugés. Conversion immédiate: il me fallait ce livre!

Dès les premières pages, j'adhère totalement au style de l'auteur, une écriture précise et imagée qui surprend et amuse d'emblée par les considérations qu'elle véhicule, la façon dont elle rend compte de l'univers atypique de cette histoire et des "préoccupations" de Melvin, excellent personnage d'un flegme unique en son genre.
Deuxième chapitre (et ils sont courts, ce qui est fort appréciable), nous voilà plongés sans préambule dans le vif du sujet.

Quel sujet me dira-t-on? C'est là que ça se complique car l'histoire se déroule un peu comme si l'auteur improvisait son intrigue au fur et à mesure qu'elle se déroulait, se laissant porter par les mots et son imagination, et plongeant ainsi (malgré lui?) ses personnages dans des situations abracabrantesques où le défi serait de broder de la cohérence là où l'on ne s'y attend plus. Le décalage dans l'humour, les dialogues, les situations, semble alors être une conséquence de ce petit jeu entre l'auteur et son texte, ses personnages, et c'est un vrai régal pour le lecteur (adepte de ce genre de délire d'auteur).

Le pauvre Melvin Epineuse, qui n'aspire à la base à rien de particulier - quand il cherche ses clés, sa méthode consiste à ne pas les chercher (alors, pensez, quand il s'agit de retrouver quelqu'un, sa mission justement dans cette histoire), quand il réfléchit à ce qu'il va faire dans la journée, il s'endort, et quand il s'endort, il ne rêve pas - se retrouve ainsi embarqué dans une histoire de fous, balloté au gré de l'inspiration de l'auteur.

"Ce dont il était sûr, c'est que quelqu'un essayait de lui écrire un rôle dont il ne voulait pas."


Le résultat est une expérience de lecture surprenante mais le défi est remporté. L'auteur a un talent indéniable pour l'écriture, il parvient à dépeindre clairement les situations, les gens, leurs pensées, de façon à ce qu'on ressente exactement ce dont il est question, et ceci, toujours avec cet humour léger en toile de fond.

Un exemple de ce genre de précision délectable où l'on comprend parfaitement ce que l'auteur veut dire:
"Ce qu'il devait dire à Melvin lui paraissait impossible, trop douloureux, trop gigantesque. Il avait l'impression écoeurante de devoir lire la bible en grec à un enfant turbulent." ()

Je regrette juste l'abus d'usage de ces précisions dans les phrases, au bout d'un moment, c'est presque lassant, j'avais parfois envie de phrases simples et directes pour dire les choses.

Inutile d'essayer de réfléchir ou de donner du sens à cette histoire bien qu'elle se tienne parfaitement. On y rentre comme dans un rêve où au début on a le contrôle, et après, il nous échappe, nous laissant l'agréable impression d'un voyage dans une autre dimension.
Un auteur à suivre, indubitablement!
 

L'auteur
Charles Marie, né en 1980, est avocat et vit à Paris. Contretemps est son premier roman.



Des avis divers et variés chez BOB !

Merci aux éditions Aux Forges de Vulcain de m'avoir fait parvenir ce livre!
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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 00:29



UN REPTILE PAR HABITANT


Toujours aussi enchantée par le style de cet auteur!
Ce n'est que mon deuxième roman de Théo Ananissoh après Lisahohé (en même temps il n'en a pas plus au compteur à ce jour), et je le confirme comme une de mes découvertes les plus intéressantes de cette année au rayon littérature africaine.

"Une écriture concise et calme" qui sert "un admirable suspense", je suis complètement en phase avec cette description très juste de l'éditeur.

Présentation de l'éditeur
"Narcisse n'aurait vraiment pas dû accourir chez Édith, après l'appel au secours de celle-ci. Il n'aurait pas vu alors sur le carreau du salon le corps de Katouka, et compris qu'il avait partagé la maîtresse d'un homme qui était comme le vice-président du pays. Et, bien sûr, il ne se serait pas trouvé ainsi pris dans l'engrenage d'une disparition forcément suspecte et même menaçante...
Un lieu où il est bien difficile de distinguer le crime de son contraire. La violence comme moyen politique ou moral. Une écriture concise et calme. Un admirable suspense serti d'érotisme."



Théo Ananissoh est un auteur à univers. Un peu comme avec Haruki Murakami, on est immédiatement happé, enveloppé dans son monde, sur un terrain à la fois intrigant et familier que j'ai retrouvé avec plaisir, à la frontière entre l'absurde et une réalité tangible qui se développe suivant une logique déconcertante.
C'est un vrai roman d'ambiance où l'intrigue en elle-même devient secondaire, bien qu'elle serve à décrire mine de rien un système en crise commun à bien des pays d'Afrique.
Il y a un meurtre, un homme impliqué malgré lui dans cette affaire, et nous avec. Ses questions et ses peurs deviennent les nôtres, étrangement, alors que de la même façon qu'il pourrait ignorer cette situation qui finalement ne le concerne pas et qu'il n'y parvient pas, on pourrait se distancier de cette intrigue et on a bien du mal.
Pour ma part, j'ai bu chaque phrase comme du petit lait, comme si j'étais concernée de près, voulant comprendre moi aussi ce qui s'était passé et ce qui se tramait tout le long de l'histoire.

Un extrait tiré de la 4è de couv' pour un avant-goût de ce récit:

" Que faire alors?
– Raisonner dans les termes qu'impose la situation : faire semblant, et l'enterrer.
– Pardon?
– Quelqu'un fait semblant de mourir; vous faites semblant de l'enterrer."
Narcisse tourna la tête vers le corps de Katouka. Le sous-préfet écrasa un sourire.
Aucune crainte, il est bien mort. Je voulais dire que nous devons jouer le même jeu que son meurtrier : faire disparaître le corps et la voiture avant demain matin."



La fin, un peu abrupte, m'a quelque peu destabilisée, mais je reste sur une très bonne impression de l'ensemble du récit qui se lit d'une traite et avec plaisir.


L'auteur
Théo Ananissoh est togolais. Il est né en 1962. Il vit en Allemagne. Un reptile par habitant est son deuxième roman.

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LECTURES EN COURS

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Le Grenier